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10 septembre 2012

DU VENT DANS MES MOLLETS




Comédie française réalisé par Carine TARDIEU (sortie en salle le 22 août 2012, durée 1 H 29).  Synopsys: Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d'amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de l’intrépide Valérie. Ensemble, elles jettent un sacré pavé dans la mare et réveillent bien des âmes endormies.



Film de Carine TARDIEU actuellement sur les écrans qui met en scène de façon subtile, humoristique et émouvante la rencontre de  Rachel (9 ans) avec la mort, l’idée de la mort mais aussi la réalité de celle-ci: celle de ses proches. Le film est servi par de très bons acteurs. Il donne à voir le monde et la mort du point de vue d’un enfant, un peu comme "Les quatre cents coups" de François TRUFFAUT.


L’enfant n’y est donc pas décrit comme un petit adulte, consommateur en herbe, objet de la convoitise des publicistes. Même si Rachel revendique d’être comme ses pairs et par exemple le libre accès aux standards et aux modes de l’époque: Nutella et poupées Barbie.


Autre écueil à mon avis très bien évité: la reconstruction nostalgique à partir d’un matériel partiellement autobiographique. Sa reconstitution des années 80 est techniquement parfaite. Elle sait alterner sans problèmes des genres aussi différents que le conte philosophique à dimension onirique, la comédie enjouée ou l’étude sociologique.



Mais c’est la dimension psychologique qui me parait la plus juste.Dans notre travail de clinicien, nous avons tous rencontré de ces fillettes de l’âge de Rachel, au regard profond et à l’intelligence pétillante. La phase de latence chez elles n’est pas un « calme plat » : il peut y avoir « du vent dans les voiles »: les interrogations sur la mort se doublent d’interrogations sur l’amour, le sexe. Et çà avance au risque des crises…


Il est vrai que Rachel les cumule les facteurs de risque !
1-Son père (dans le film, c’est Denis PODALYDES) est un survivant d’Auschwitz
2-Elle dort dans la même chambre que sa grand-mère hémiplégique qui par plaisanterie fait quelquefois mine le matin de ne plus respirer.
3-Comme cadeau d’anniversaire, sa mère (jouée par Agnès JAOUI) ne trouve rien de mieux que de lui offrir une brochure illustrée pour financer une association caritative en Éthiopie.
4-Son unique copine d’école a une cardiomyopathie.


A partir de telles prémisses, Rachel se met au travail: elle peut entreprendre de "tuer symboliquement" sa mère un peu rigide et obsessionnelle. Cela ne va pas sans risques dans la réalité: la traversée d’un passage clouté (piéton au rouge) la met elle même en danger et quand de colère, elle renverse un bocal de pois chiches dans l’appartement, cela manque d’estropier sa mère. Sa mère qui l’appelle affectueusement "mon pois chiche" !



Ses parents sont perfectionnistes, névrotiques. Leur amour est un peu étouffant comme les boulettes de viande et de légumes concoctées par sa mère. Mais ils vont lui faire confiance et lui permettre de rencontre l’altérité dans la différence en la personne de sa copine Valérie, du grand frère et de la mère de celle-ci (incarnée par Isabelle CARRE). Les deux familles sont  tellement différentes et tolérantes que Rachel va s’enrichir de cette rencontre.



Autre rencontre décisive initiée par les parents, celle de la pédopsychiatre qui est filmée sans complaisance ni avec tous les clichés rebattus par le cinéma. Elle n’est pas exempte de maladresse ni de distraction mais elle se rend disponible: la scène onirique où elle vient en peine nuit dans la chambre de Rachel est un effet très bien rendu du "transfert positif" stricto sensu.



On ressort de ce film serein avec des pistes de réflexion: Quel héritage reçoit-on de ses parents ? Comment se fait la rencontre inter-psychique entre l’enfant et ses parents (et leurs parts infantiles). L’interrogation sur la scène primitive est évoquée plusieurs fois avec justesse et ellipse. J’aime surtout la scène finale dans laquelle Rachel pédale dans la nuit (la métaphore Rimbaldienne donne le titre au film). Cela confirme, s’il en était besoin, qu’à tout âge, les émotions intenses sont corporalisées et les ressentis sensoriels et psychiques (représentations) intimement liés et ce …pour toujours.  


Alain QUESNEY


2 commentaires:

  1. Alain Quesney a écrit un très beau texte et Télérama a aimé ce film (cf. critique en fin de message). J’aime aussi ce film et je lui trouve beaucoup des qualités dites par Alain Quesney et Frédéric Strauss. Mais j’aurais néanmoins quelques réserves et surtout des questions

    Je trouve qu’Agnès Jaoui joue un peu trop à la Agnès Jaoui: débordée, moderne, agressive (au sens anglo-saxon). D'autre part le personnage de Denis Podalydès me semble un peu caricatural et je ne pense pas qu’il était indispensable d’en faire un rescapé des camps.Mais ce sont des défauts mineurs et Isabelle Carré est absolument éblouissante, intelligente, gentille, belle, pleine d’humour.

    Télérama parle de ceux qui évoluent autour de Rachel comme d’un «manège fatigué». Il est vrai que Jaoui et Podalydès sont fatigués, il est vrai aussi que Rachel ne s’en sort que grâce à l’aide de l’extérieur et surtout de sa copine et de la mère de celle ci. L’auteur semble ne pas croire que les parents puissent aider leur enfant; ils sont tristes, dépassés et la grand-mère hémiplégique et un peu folle n’arrange rien.

    Dans le film, les enfants ont 9 et 10 ans et ils parlent de sexe avec intérêt ce qui ne m’étonne pas mais avec beaucoup de précision ce qui m’étonne un peu. J’aimerais savoir si ceux qui ont vu ce film ont trouvé crédibles les scènes où les enfants parlent de sexe. Par ailleurs, ce film sera vu par de jeunes enfants, notamment quand il passera à la télé et je me demande quel sera l’effet sur un enfant de 10 ans de ces scènes où d'autres enfants parlent de «sucer la bite» et où la professeure des écoles est une nymphomane faisant l’amour avec le prof.de gym à la récré.

    Jean-Pierre LELLOUCHE

    _________________________________________________
    Critique de TELERAMA "DU VENT DANS MES MOLLETS"

    Légèreté et gravité se mêlent dans cette comédie alerte qui parle de tout sans en avoir l'air: de la famille, des relations mères-filles, de la mort...

    C'est une comédie dans le gentil décor de la France de 1981, référence à "La Boum" comprise. Mais, au générique de fin, on entend "Mon enfance", une des chansons les plus secrètes de Barbara, douloureuse et lumineuse à la fois. "Du vent dans mes mollets" est une chronique familiale qui conduit ses personnages vers des émotions toujours plus fortes... Autour de Rachel, 9 ans ,et quelques «petites angoisses» qu'on l'envoie raconter à une psy (Isabella Rossellini), tourne un manège fatigué. La mère (Agnès Jaoui) est empâtée et empêtrée dans sa cuisine. Le père (Denis Podalydès) ne semble plus bon à rien, mais il est installateur de cuisines Mobalpa. Une qualité à laquelle ne restera pas insensible Catherine (Isabelle Carré), charmante mère divorcée d'une chipie qui devient la meilleure amie de Rachel. Avec sa mise en scène alerte, inventive et des comédiens parfaitement choisis, Carine Tardieu mélange les couleurs enfantines d'un univers de maison de poupée et une description pas du tout naïve des liens familiaux ou amoureux. Comme dans "La Tête de maman" (2007), son regard se révèle particulièrement sensible quand elle raconte les relations entre les femmes, rivales ou complices, et surtout celles des filles face à leurs mères. Mais elle aborde également un sujet plus difficile: la mort. L'enfance de Rachel est traversée par les souvenirs du père, rescapé des camps. Carine Tardieu réussit à en parler, en maniant légèreté, gravité et délicatesse. Et aussi un humour volontiers vache qui rappelle que la vie sait être cruelle. Comme peuvent l'être parfois les mots d'enfants. A une fille de sa classe devenue orphe­line, Rachel dit: «Si je pouvais faire revenir ta mère en tuant la mienne, je le ferais». Délicieux...
    Frédéric STRAUSS
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    Réponses


    1. Jean-Pierre,
      Tu as bien déniché ce qui m'a aussi gêné lorsque j'ai vu le film: l’intérêt des deux copines pour la question sexuelle est souligné de façon caricaturale et accrocheuse sûrement pour sacrifier à la mode actuelle (c'est donc un anachronisme).
      J'aurais préféré qu'il soit suggéré et/ou montré de façon plus poétique...
      Ce n'est pas un grand film mais il est à recommander (juste à part ce point précis qui ne t'a pas échappé et qui fait évidemment qu'il n'est pas très conseillé pour des pré-adolescents, surtout s'ils ne sont pas accompagnés de leurs parents).
      Bien amicalement.
      Alain QUESNEY
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4 commentaires:

  1. j'aime aussi beaucoup ce film
    Mais deux réserves
    1) on parle beaucoup des cuisines Mobalpa .Et on en parle en bien comme si avoir une cuisine Mobalpa était l' un des critères majeurs du bonheur
    Je me demande s' il ne s' agit pas de publicité déguisée.En tout cas je n' aime pas cela qui aurait pu facilement être évoqué
    2) les filles sont vraiment trop préoccupées par les questions de sexe Elles en parlent beaucoup elles en parlent crument avec beaucoup d' émotion
    Je ne suis pas sûr que cela représente la réalité des idées des jeunes filles de cet âge

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  2. Alain Quesney a écrit un très beau texte et Télérama a aimé ce film (cf. critique en fin de message). J’aime aussi ce film et je lui trouve beaucoup des qualités dites par Alain Quesney et Frédéric Strauss. Mais j’aurais néanmoins quelques réserves et surtout des questions

    Je trouve qu’Agnès Jaoui joue un peu trop à la Agnès Jaoui: débordée, moderne, agressive (au sens anglo-saxon). D'autre part le personnage de Denis Podalydès me semble un peu caricatural et je ne pense pas qu’il était indispensable d’en faire un rescapé des camps.Mais ce sont des défauts mineurs et Isabelle Carré est absolument éblouissante, intelligente, gentille, belle, pleine d’humour.

    Télérama parle de ceux qui évoluent autour de Rachel comme d’un «manège fatigué». Il est vrai que Jaoui et Podalydès sont fatigués, il est vrai aussi que Rachel ne s’en sort que grâce à l’aide de l’extérieur et surtout de sa copine et de la mère de celle ci. L’auteur semble ne pas croire que les parents puissent aider leur enfant; ils sont tristes, dépassés et la grand-mère hémiplégique et un peu folle n’arrange rien.

    Dans le film, les enfants ont 9 et 10 ans et ils parlent de sexe avec intérêt ce qui ne m’étonne pas mais avec beaucoup de précision ce qui m’étonne un peu. J’aimerais savoir si ceux qui ont vu ce film ont trouvé crédibles les scènes où les enfants parlent de sexe. Par ailleurs, ce film sera vu par de jeunes enfants, notamment quand il passera à la télé et je me demande quel sera l’effet sur un enfant de 10 ans de ces scènes où d'autres enfants parlent de «sucer la bite» et où la professeure des écoles est une nymphomane faisant l’amour avec le prof.de gym à la récré.

    Jean-Pierre LELLOUCHE

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    Critique de TELERAMA "DU VENT DANS MES MOLLETS" de CARINE TARDIEU:

    Légèreté et gravité se mêlent dans cette comédie alerte qui parle de tout sans en avoir l'air: de la famille, des relations mères-filles, de la mort...

    C'est une comédie dans le gentil décor de la France de 1981, référence à "La Boum" comprise. Mais, au générique de fin, on entend "Mon enfance", une des chansons les plus secrètes de Barbara, douloureuse et lumineuse à la fois. "Du vent dans mes mollets" est une chronique familiale qui conduit ses personnages vers des émotions toujours plus fortes... Autour de Rachel, 9 ans ,et quelques «petites angoisses» qu'on l'envoie raconter à une psy (Isabella Rossellini), tourne un manège fatigué. La mère (Agnès Jaoui) est empâtée et empêtrée dans sa cuisine. Le père (Denis Podalydès) ne semble plus bon à rien, mais il est installateur de cuisines Mobalpa. Une qualité à laquelle ne restera pas insensible Catherine (Isabelle Carré), charmante mère divorcée d'une chipie qui devient la meilleure amie de Rachel. Avec sa mise en scène alerte, inventive et des comédiens parfaitement choisis, Carine Tardieu mélange les couleurs enfantines d'un univers de maison de poupée et une description pas du tout naïve des liens familiaux ou amoureux. Comme dans "La Tête de maman" (2007), son regard se révèle particulièrement sensible quand elle raconte les relations entre les femmes, rivales ou complices, et surtout celles des filles face à leurs mères. Mais elle aborde également un sujet plus difficile: la mort. L'enfance de Rachel est traversée par les souvenirs du père, rescapé des camps. Carine Tardieu réussit à en parler, en maniant légèreté, gravité et délicatesse. Et aussi un humour volontiers vache qui rappelle que la vie sait être cruelle. Comme peuvent l'être parfois les mots d'enfants. A une fille de sa classe devenue orphe­line, Rachel dit: «Si je pouvais faire revenir ta mère en tuant la mienne, je le ferais». Délicieux...
    Frédéric STRAUSS

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  3. Jean-Pierre,
    Tu as bien déniché ce qui m'a aussi gêné lorsque j'ai vu le film: l’intérêt des deux copines pour la question sexuelle est souligné de façon caricaturale et accrocheuse sûrement pour sacrifier à la mode actuelle (c'est donc un anachronisme).
    J'aurais préféré qu'il soit suggéré et/ou montré de façon plus poétique...
    Ce n'est pas un grand film mais il est à recommander (juste à part ce point précis qui ne t'a pas échappé et qui fait évidemment qu'il n'est pas très conseillé pour des pré-adolescents, surtout s'ils ne sont pas accompagnés de leurs parents).
    Bien amicalement.
    Alain QUESNEY

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  4. Encore une fois, j'aime aussi beaucoup ce film, mais j'émet deux réserves :
    1) On parle beaucoup des cuisines Mobalpa. Et on en parle en bien, comme si avoir une cuisine Mobalpa était l'un des critères majeurs du bonheur.Je me demande s'il ne s'agit pas de publicité déguisée. En tout cas je n'aime pas cela qui aurait pu facilement être évoqué.
    2) Les filles sont vraiment trop préoccupées par les questions de sexe. Elles en parlent beaucoup, elles en parlent crument avec beaucoup d'émotion. Je ne suis pas sûr que cela représente la réalité des idées des jeunes filles de cet âge.

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