BIENVENUE SUR PEDIABLOG


Les articles, réflexions et informations de ce blog ont pour but de faire passer des messages, donner des avis, faire part d'expériences professionnelles, proposer des échanges, des réflexions et initier des discussions à propos de la santé physique et psychique de l'enfant. Ce blog se veut aussi lanceur d'alertes à propos d'éventuels dysfonctionnements de notre système de santé, il sera alors parfois dérangeant, bousculant le médicalement correct et les discours officiels bien huilés et aseptisés. Tous les intervenants le font bénévolement et n'ont aucun conflit d’intérêt avec l'industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire. Les textes publiés sur ce blog sont la propriété intellectuelle de leurs auteur(e)s. Leur publication ne saurait donc en aucun cas se faire sans leur autorisation. On peut accéder aux articles plus anciens, classés par ordre chronologique, en faisant défiler le contenu du cadre situé juste en dessous "EN REMONTANT LE TEMPS".

Nous vous souhaitons une bonne lecture et tous les auteur(e)s seront heureux de lire vos commentaires et critiques pour une discussion qui ne pourra être qu'enrichissante. Si vous n'y arrivez pas, envoyez votre commentaire à l'adresse suivante: lehouezecdominique@gmail.com

Les remarques déplacées, agressives, injurieuses, racistes seront censurées de même que les commentaires à caractère commercial, politique ou religieux.

31 octobre 2012

AMPHO-VACCIN ANTI-INFECTIEUX


Le 15 avril 1939, le numéro 64 de la revue "Visages du monde"  consacré à La Tunisie (Revue  mensuelle édition réservée au corps médical) comportait en dernière page de couverture une publicité pour l’AMPHO-VACCIN ANTI-INFECTIEUX. 

Les laboratoires des AMPHO-VACCINS A.D.RONCHESE le présentaient ainsi "le vaccin général des affections thermiques avant même le diagnostic précis"

Cette publicité, 73 ans plus tard, nous fait sourire. Pourtant, elle dit beaucoup sur la médecine d’alors et celle d’aujourd’hui, sur les comportements des laboratoires hier et aujourd’hui.


28 octobre 2012

LA VARICELLE EST-ELLE UNE MALADIE ÉPIDÉMIQUE?


Dans l’Encyclopedia Universalis 2009, le professeur Jacques Maurin écrit à propos de la varicelle : «Maladie infectieuse très contagieuse, la varicelle procède par épidémies atteignant surtout les jeunes enfants, plus rarement les adolescents, parfois les adultes».
On lit pourtant dans le Dictionnaire Garnier-Delamare (1) : « Varicelle (bas latin varicella, diminutif irrégulier de variole) Synonyme : Petite vérole volante. Maladie infectieuse, contagieuse, ordinairement très bénigne, caractérisée par une éruption se faisant en plusieurs poussées, de vésicules qui se flétrissent et se dessèchent au bout de quelques jours. Les  complications pulmonaires et nerveuses sont rares. La maladie est due à un virus de la famille des Herpesviridae qui est aussi celle du virus du Zona ».


21 octobre 2012

GÉNÉRATION TABLETTE


«Nous vivons une époque    formidable, le progrès fait rage et le futur ne manque pas d'avenir»

Philippe Meyer, «toutologue» de France Culture





Que nous le voulions ou pas, nous sommes dorénavant à l'ère de l'ordinateur et du portable. Le microprocesseur est incontournable et a pris le pouvoir. L'objet transitionnel de l'homme moderne sonne à tout va et partout, au mépris des méchantes affichettes enjoignant aux visiteurs polis de les mettre en veille. On ne peut se promener sans croiser un individu qui semble parler tout seul, le poing crispé le long de la joue ou pour certains avec un kit main libre qui parait greffé sur le pavillon de leur oreille. Au fil des ans, technologie oblige, le téléphone a élargi ses fonctions en même temps qu'il s'amincissait et s’amaigrissait. Il est devenu réveil matin, machine à jeux, expéditeur de messages écrits (on dit "textos" ou "SMS"), agenda, calculette, appareil photo, caméra, appareil de radio, lecteur de musique...

16 octobre 2012

L'HISTOIRE DE LA POLIO


Dans un très beau roman «Némésis», Philip Roth (1) évoque magnifiquement ce qu’a été la poliomyélite dans les années 40. Ce qu’il dit me semble mal connu du grand public, mais aussi des médecins.
Je voudrais rappeler quelques éléments majeurs de cette très belle histoire, mais je voudrais m’interroger aussi sur les raisons pour lesquelles elle est si mal enseignée dans les facultés de médecine.


15 octobre 2012

LE LAIT MATERNEL, VACCIN UNIVERSEL


Je connais un vaccin formidable. Il protège à la fois des infections digestives, des otites et de nombreuses infections respiratoires. Il prévient même certaines allergies. Il s’administre par voie orale avec une excellente acceptabilité. Son coût de production est tellement minime qu’il est distribué gratuitement aux bébés qui le réclament. Il n’a aucune effet secondaire et ses contre-indications sont exceptionnelles. Seul inconvénient, il doit être débuté très tôt, dès la maternité, avec des rappels réguliers et une augmentation progressive des doses. Si ce vaccin était généralisé et utilisé durant au moins six mois, il n’y aurait plus d’épidémie de gastro-entérite et les services de pédiatrie seraient moins envahis par les bronchiolites hivernales. 


14 octobre 2012

MÉTAPHORE ET MÉDECINE



Le langage médical est, comme pour beaucoup d'autres corps de métier, illustré d'images, de comparaisons, de métaphores plus ou moins heureuses. 

Le médecin utilise avec ses collègues un "jargon médical" qu'il s'approprie et qu'il finit par utiliser plus ou moins inconsciemment avec ses patients sans en mesurer toujours les conséquences.



LE MYTHE DE LA STÉRILISATION DES BIBERONS


Docteur, jusqu'à quel âge doit-on continuer de stériliser les biberons de notre bébé ? Ma copine m'a dit 6 mois mais mon ami me dit que ça ne sert à rien et que je perds mon temps...Voilà une interrogation qui revient tous les jours ou presque dans les bouche des parents lorsque l'on aborde avec eux l'alimentation de leur bébé. Ils ont tellement peur de mal faire qu'il ne faudrait pas se tromper.



La grande majorité des manuels de puériculture est pourtant claire à ce sujet. Les anciennes recommandations de la Pédiatrie officielle et des puériculteurs diplômés nous disent que, jusqu'à 6 mois pour les plus stricts, 4 mois pour les plus laxistes, tous les jours les biberons soigneusement tu laveras et méticuleusement tu désinfecteras... Au-delà de cet âge, suppose-t-on, les défenses immunitaires du nourrisson seraient devenues suffisantes pour pouvoir administrer sans risques un aliment lacté dans un récipient non stérilisé. Les Pédiatres qui prêchent ces dogmes sont également formels. La très médiatique Edwige ANTIER est intraitable et nous menace sinon de "recrudescence de gastro-entérites avec même des germes rares" ...



L'AFPA (Association de Pédiatrie ambulatoire) est moins catégorique et propose un double langage sur ce sujet lorsque l'on se rend sur son site www.laits.fr, dédié aux conseils dans le choix d'un lait pour nourrissons. Ses responsables affirment d'abord, sur la page  parlant des soins d'hygiène, que "selon les recommandations de sécurité sanitaire" il n'y a pas lieu de stériliser les biberons à domicile. Mais tout de suite après, on lit un avis contradictoire rédigé ainsi "La stérilisation reste pourtant recommandée au cours des premières semaines de vie, le temps que la flore intestinale du nourrisson s'établisse progressivement, permettant à son organisme d'être moins sensible aux bactéries pathogènes."

Le rituel de la stérilisation peut être réalisé soit à chaud, soit à froid. A chaud, les parents plutôt écolos utilisent l'eau bouillante d'une cocotte ou l'immersion dans une grande casserole. Les parents les plus "up-to date" préfèrent le stérilisateur électrique offert par belle-maman ou les plus pressés le stérilisateur que l'on place dans un four à micro-ondes. Si on a peur de se brûler et que l'on ne craint pas l'odeur de l'eau de Javel, un bac de stérilisation à froid est toujours possible en y immergeant tout le matériel dans de l'eau additionnée d'une pastille à base de chlore renouvelée tous les jours.  

Tous les sites et forums Internet des mères branchées (Famili, Magicmaman, Boutchou.com, Bébémonamour...) sont également formels. La stérilisation est bien obligatoire et serait d'ailleurs, d'après certains sites, totalement recommandée par l'AFSSA (Agence de sécurité des aliments, devenue depuis l'ANSES). 

Ah bon ! Pourtant si l'on a la curiosité d'aller visiter ce site gouvernemental (1), et très sérieux, on y lit un "nouveau testament" révolutionnaire  :

"Après utilisation, le biberon est vidé de son éventuel contenu résiduel, rincé à l’eau froide et lavé en lave-vaisselle en utilisant un cycle spécifique complet (haute température à 65°C au minimum et séchage impératif). Les bagues, les capuchons et les tétines en silicone peuvent également être mis au lave-vaisselle. Les tétines en caoutchouc ne peuvent pas être mises au lave-vaisselle ; elles sont rincées et nettoyées minutieusement avec un écouvillon propre en les retournant. En l'absence de lave-vaisselle, après utilisation, le biberon et les annexes sont rincés à l’eau froide et nettoyés par immersion dans de l'eau additionnée de produit détergent (liquide vaisselle) avec un écouvillon propre, puis rincés. Le biberon et ses annexes doivent être mis à sécher. L’utilisation du torchon est proscrite.  

D’une façon générale, à domicile, il n’y a pas lieu de stériliser les biberons. Il n’y a donc pas lieu d’utiliser les procédés chimiques dits de stérilisation, ni les dispositifs à micro-ondes, ni les « stérilisateurs » du commerce. Les caractéristiques techniques de ces derniers ne leur permettent pas, au sens de la normalisation européenne (CEN) ou française (AFNOR), d’être qualifiés de procédés de stérilisation." 

La sacro-sainte stérilisation a donc la vie dure. Celle-ci semble tout à fait utile et raisonnable dans les collectivités (services hospitaliers, maternités, crèches) là où les biberons ne sont pas forcément personnalisés et souvent préparés à l'avance. L'utilisation de biberons à usage unique ("nourettes")  permet d'ailleurs d'éviter ces taches fastidieuses avec une meilleure sécurité bactériologique. 

En revanche, dès lors que le nourrisson a regagné son milieu familial, il devient difficile de défendre ces pratiques traditionnelles héritées d'un autre siècle où l'hygiène infantile était malmenée. Les  déshydratations par gastro-entérites représentaient une des causes principales de mortalité infantile dans des tableaux qualifiés alors de "toxicose du nourrisson".

Cette mémoire ancestrale de la peur du microbe n'a plus lieu d'être à l'heure actuelle dans nos sociétés industrialisées où le lavage des mains et des biberons est rentré dans les moeurs.  Cette pseudo-stérilisation est bien sûr de plus illogique sur le plan  bactériologique. L'eau du robinet ou n'importe quelle eau minérale n'est bien sûr pas stérile. Alors pourquoi devrait-on s'acharner avec de multiples précautions à stériliser un contenant dont le contenu ne sera jamais stérile ? Est-ce que les mères qui allaitent au sein les immergent dans un bac "Milton" avant la tétée pour les stériliser aussi bien que les tétines des bébés qui sont nourris au lait artificiel ? Faudra-t-il aussi stériliser la petite cuillère lors du début de la diversification alimentaire ? Et Sophie la petite girafe, devra-elle faire un stage quotidien au micro-ondes avant de pouvoir être mâchouillée par bébé ?

Le bon sens doit être respecté et l'hygiène la plus évidente suffit pour tous les nourrissons. Le lavage des mains itératif et soigneux est obligatoire. Le lavage attentif des biberons et des tétines après usage pour y ôter toute trace de lait, milieu de culture idéal, est la règle. Un stockage dans un endroit propre et sec est ensuite suffisant. La préparation au dernier moment des biberons évite une contamination microbienne importante en jetant ensuite tout biberon non fini. Ceux-ci ne devront pas être préparés à l'avance ou sinon conservés obligatoirement, comme tout aliment, au réfrigérateur. "Stériliser" un biberon mal nettoyé serait sûrement plus à risque que de boire dans un biberon non stérile mais parfaitement propre.  Une plaquette explicative illustrée a été éditée par le Ministère de la Santé et l'ANSES, disponible à cette adresse. Les conséquences de l'absorption prolongée de résidus de solutions antiseptiques à base de chlore chez le jeune enfant posent aussi problème.

Cette pratique encore trop souvent recommandée de stérilisation représente bien sûr de plus une perte de temps et d'argent pour de jeunes mères souvent débordées qui pourraient consacrer leur énergie à d'autres tâches. Cette stérilisation représente bien sûr un marché important pour l'industrie de la puériculture qui vend ses publicités dans la presse spécialisée et sur les sites Internet qui se sentent donc obligés de promouvoir le matériel de leur sponsors. Cette routine sécuritaire du tout stérile représente aussi un sous-entendu stressant pour de jeunes parents peu sûrs d'eux et inexpérimentés. Il fait passer le message du bébé "fragile", à la merci du moindre "courant d'air" et du premier microbe qui contaminerait le moindre biberon mal stérilisé.  


Dr. Dominique LE HOUÉZEC


(1) AFSSA. C. Bultel, D. Turck. Recommandations d’hygiène pour la préparation et la conservation des biberons (juillet 2005)