BIENVENUE SUR PEDIABLOG


Les articles, réflexions et informations de ce blog ont pour but de faire passer des messages, donner des avis, faire part d'expériences professionnelles, proposer des échanges, des réflexions et initier des discussions à propos de la santé physique et psychique de l'enfant. Ce blog se veut aussi lanceur d'alertes à propos d'éventuels dysfonctionnements de notre système de santé, il sera alors parfois dérangeant, bousculant le médicalement correct et les discours officiels bien huilés et aseptisés. Tous les intervenants le font bénévolement et n'ont aucun conflit d’intérêt avec l'industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire. Les textes publiés sur ce blog sont la propriété intellectuelle de leurs auteur(e)s. Leur publication ne saurait donc en aucun cas se faire sans leur autorisation. On peut accéder aux articles plus anciens, classés par ordre chronologique, en faisant défiler le contenu du cadre situé juste en dessous "EN REMONTANT LE TEMPS".

Nous vous souhaitons une bonne lecture et tous les auteur(e)s seront heureux de lire vos commentaires et critiques pour une discussion qui ne pourra être qu'enrichissante. Si vous n'y arrivez pas, envoyez votre commentaire à l'adresse suivante: lehouezecdominique@gmail.com

Les remarques déplacées, agressives, injurieuses, racistes seront censurées de même que les commentaires à caractère commercial, politique ou religieux.

14 décembre 2013

FRAGMENTS D'UNE PSYCHANALYSE EMPATHIQUE





Les médias aiment qu'on parle d'eux: les présentateurs s'invitent entre eux, certains médecins s'y répandent: je me  rappelle de Jean-Paul Escande qui désertait son service de dermatologie de l'hôpital Tarnier pour commenter sur les ondes une actualité pas toujours médicale. Il paraît certes naturel que les plus doués en communication des médecins puissent aborder différents sujets qu'ils connaissent bien et qui intéressent le grand public. Aldo Naouri, Marcel Rufo, Serge Tisseron sont de ceux-là. Leur pensée claire et leur style alerte contribuent à nous faire mieux comprendre les concepts quelquefois ardus de la psychologie de l'enfant. 


10 décembre 2013

POUR UNE DECROISSANCE DES LAITS DE CROISSANCE

Vermeer de Delft "La Laitière" 1658

Depuis quelques années, l'industrie agro-alimentaire a mis sur le marché des laits pour jeunes enfants qui sont dénommés "laits de croissance" ou "laits de suite" ou parfois "laits 3ème âge". Ces aliments sont théoriquement recommandés entre les âges de 1 à 3 ans. Les industriels se sont partagés un créneau spécifique (environ 800.000 naissances annuelles en France) et captif durant au moins deux années. Même les nutritionnistes français de l'enfance, pas toujours neutres, les recommandent aussi vivement. Ces laits sont-ils bien nécessaires ou le fruit d'un marketing bien huilé ? 



9 décembre 2013

DESINFORMATION MEDICALE


AHORITA "words fly away, writings remain"

"Verba volant, scripta manent" 

(les paroles s’envolent,
 les écrits restent) 

Caius TITUS 
au Sénat romain






Si dans un livre, on trouve une affirmation fausse ou idiote, cela signifie que quelqu’un l’a écrite, qu’elle a été imprimée et que le livre a été commercialisé. Si l'on trouve ce livre en bibliothèque, cela signifie que les bibliothécaires n’ont pas lu cette affirmation ou que, l’ayant lue, ils ne se sont pas rendu compte de l’énormité de ce qui était écrit ou bien qu’ils ont considéré que ce livre, avec cette affirmation fausse ou idiote, méritait d’être disponible dans la bibliothèque. Cela signifie aussi que les premiers lecteurs n’ont pas arraché les pages ou griffonné des annotations rageuses ou au moins mis de nombreux post-it pour mettre en garde les lecteurs suivants.


19 octobre 2013

PERES, IMPAIRS ET MANQUES (Défaillance du père et dysfonctionnents sociétaux)

La fonction du pédiatre est celle de la protection de l'enfant avec un double volet de soins et de prévention. Dans les pays dits développés, le risque infectieux a baissé et la vaccination, certes indispensable, ne résume pas la pédiatrie préventive. Certains enfants courent des dangers moins évidents que celui par exemple de l'agressivité du pneumocoque invasif multi-résistant aux antibiotiques. Certains enfants sont plus «en danger» que d'autres. Ils sont en danger majeur d'exclusion, de stigmatisation. Ils sont en danger dans leur développement et leur structuration. Ils sont également en plus grand danger somatique (accidents, maladies répétitives ou psychosomatiques).



GRIPPE, L'ASSURANCE-MALADIE NOUS INFANTILISE

Comme chaque année, l'Assurance-maladie conseille aux personnes âgées de plus de 65 ans de se faire vacciner. Elle le fait sur un mode infantilisant qui me semble en soi détestable, car insultant pour l'intelligence des destinataires.

Mais cette infantilisation, comme je vais essayer de le montrer est par ailleurs particulièrement adaptée à une politique floue et imprécise, n'osant pas aborder certaines questions difficiles.





6 octobre 2013

HEPATITE B, LE MENSONGE DE LA SALIVE

Image du spot publicitaire télévisé incitant la population
 francaise  à se faire vacciner massivement contre 
 l'hépatite B (années 1994/1995)
En 1994, une campagne de vaccination contre l’hépatite B, soucieuse de convaincre le plus grand nombre que le risque d’hépatite B était considérable et qu’il concernait tout le monde a insisté sur le risque de transmission salivaire.
Paul Benkimoun, dans la revue Hérodote, écrit (1) : " Le risque de transmission par la salive, facteur d'inquiétude certain, a très largement été exagéré, notamment lors de la tournée effectuée par le "Camion forum" sur l'hépatite B ".



19 septembre 2013

LES RYTHMES SCOLAIRES POUR LES NULS

Frédéric DELIGNE (21.01.2013) 

La rentrée 2013 remet à la page ce que l'on nomme les rythmes scolaires. Il s'agit d'essayer d'adapter au mieux les conditions d'apprentissage des élèves au tempo de leur horloge biologique. Ce sujet n'est pas nouveau et cette nécessité qui paraîtrait logique avait été démontrée depuis longtemps, dans les années 1980, par les spécialistes en la matière (1) qui ont dénommé chronobiologie les fluctuations régulières des fonctions humaines lorsque le temps s'écoule.


30 août 2013

HISTOIRE SECRETE DE L'ACRODYNIE

L’acrodynie a été une maladie relativement fréquente chez  les enfants. Elle était due au mercure présent dans des produits administrés pour soulager les troubles  liés à la dentition. Elle est apparue avec l’utilisation de mercure au début du 20ème siècle et a disparu un demi-siècle plus tard lorsque le mercure a été  reconnu responsable et n’a plus été utilisé. 


24 juin 2013

LES VACCINS A L'ALU, ON N’EN PEUT PLUS


Il existe actuellement une controverse concernant le rôle de l'adjuvant aluminique vaccinal dans le déclenchement d'une affection neuromusculaire décrite en France en 1998[1] sous la dénomination de myofasciite à macrophages ( MFM). Cette appellation fait référence aux caractéristiques de la biopsie musculaire qui retrouve chez ces malades, au sein du site vaccinal, des inclusions d’aluminium, et ce parfois des années après l’injection initiale mise en cause.

16 juin 2013

QU'EST-CE QU'UNE MALADIE GRAVE ?


Aussi surprenant que cela  paraisse il n'existe pas de définition précise de ce qu'est une maladie grave. Lorsqu'un malade va voir un médecin il a souvent envie de savoir si ce qu'il a est ou n'est pas grave. On pourrait penser que, de ce fait, le dialogue entre le malade et le  médecin comporte des données  précises sur cette question du degré de gravité. Nous  verrons qu'il n'en est rien et nous essaierons de comprendre pourquoi il en est ainsi.



5 juin 2013

INCIDENTALOME


Pourquoi le mot incidentalome ne figure-t-il pas dans la plupart des dictionnaires  généraux ? Pourquoi les définitions qui en sont données dans les dictionnaires  médicaux sont-elles imprécises ? Lorsque des personnes compétentes et de bonne volonté essayent de parler sérieusement d’un problème difficile, il se crée progressivement à mesure que les échanges se poursuivent un vocabulaire qui devient de plus en plus précis et de plus en plus riche.



12 mai 2013

LES POUX, COMMENT S'EN DEBARRASSER



Jan Siberechts, Scène d'épouillage, 1662
La pédiculose est le nom donné en médecine à la contamination du cuir chevelu par des poux, parasites au nom scientifique de  "pediculus humanus  capitis" (pou de tête humain). Ces petits parasites se nourrissent  en piquant le cuir chevelu où ils  occasionnent ainsi des démangeaisons importantes. C'est ce prurit qui permet en général de faire découvrir la contamination. La pédiculose peut se voir sous tous les climats et tous les pays. Elle atteint surtout les enfants du fait de leur vie en collectivité (école, crèche, halte-garderie...) 

8 mai 2013

Dr DELEPINE, UNE ONCOLOGUE QUI N'EN PEUT PLUS


Le Dr Nicole DELEPINE est Pédiatre Oncologue, responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'Hôpital Universitaire Raymond Poincaré à Garches. Elle vient de rédiger, en date du 1.05.2013, une lettre ouverte au Ministre de la Santé. Elle veut ainsi dénoncer les dérives et dysfonctionnements de plus en plus criants de l'hopital public d'aujourd'hui qui est devenu un lieu étouffé par les contraintes administratives et qui a pour but premier d'être désormais une source de rentabilité à tout prix, plutôt que de veiller à la qualité des soins et cultiver l'empathie pour le patient. Sa colère et son découragement la poussent à utiliser des termes parfois excessifs mais son regard lucide et son expérience provoquent la refléxion sur l'avenir de l'hopital public. Le Dr DELEPINE se bat, depuis 25 ans, pour améliorer les prises en charge des jeunes malades atteints de cancer. Son fonctionnement atypique et son franc parler lui ont valu bien des soucis lors de sa carrière hospitalière. Elle vient de publier un dernier ouvrage "Le Cancer, un fléau qui rapporte"  (Ed . Michalon, 14 Février 2013). Pour plus de détails, consulter son site officiel  


7 mai 2013

COMME ON NOUS PARLE



Le langage médical n’est pas le même selon qu’un médecin parle à un autre médecin ou qu’il parle à un malade ou au proche d'un malade. Il n’est pas le même, non plus, lorsque des gens qui ne sont pas médecins parlent entre eux de leurs problèmes de santé ou lorsqu'ils en parlent à leurs médecins. Le langage est par  ailleurs différent selon qu’il est écrit ou parlé. Il existe enfin des différences notables entre le discours médical écrit des articles et publications médicales et les écrits des forums médicaux.

25 avril 2013

LE TAMIFLU EST PRIS EN GRIPPE


Le TAMIFLU (nom commercial de l'oseltamivir) est une molécule commercialisée par les laboratoires ROCHE depuis 2002 comme étant un antiviral actif sur les virus de la grippe. Ce produit a eu son heure de gloire en France lors de l'hiver 2009. Notre ministre de la santé de l'époque, qui en avait fait stocker des millions de boites (1), préconisait de les faire distribuer gratuitement, au milieu d'une épidémie de grippe H1N1 qui avait déjà fait acheter 94 millions de doses vaccinales dont on sait que la plupart furent finalement détruites.



21 avril 2013

SECURITE ROUTIERE, "DES VIES SAUVÉES"



"Le 12 septembre 2011, la sécurité routière a annoncé une baisse de 3,9% des morts par accident de la route. La presse par un calcul magique a retiré, retranché les 368 morts d’août 2011 des 383 morts d’août 2010 et a déclaré sans vergogne que 15 vies avaient été épargnées. Alors quelles sont ces vies sauvées, quels sont ces heureux élus qui n'ont pas eu d'accident de la route ? Vous les connaissez vous ces rescapés ? Ces 15 vies sauvées n’existent pas, ce sont des fantômes,  ces 15 vies sauvées. En diminuant le nombre des accidentés de la route, nous n'avons sauvé personne. Les morts en moins ne sont pas des vivants en plus. On ne sauve pas les gens qui ne meurent pas... Pourquoi transformer des 15 non-morts en 15 vies sauvées ?" C'est cette question que se posait avec clairvoyance le philosophe Raphaël ENTHOVEN le 3 avril 2012 sur une radio nationale (1) 



12 avril 2013

CANCER DE L'ENFANT ET ENVIRONNEMENT





Les  cancers chez l’enfant, ou tout au moins certaines formes de cancers, augmentent-ils de fréquence ?

Certains médias grand public affirment que oui et citent des  facteurs environnementaux (dioxine, pesticides, radiations électro-magnétiques…)
Les livres médicaux et l’enseignement en faculté sont par contre plus réservés.


13 mars 2013

SITES MEDICAUX INTERNET, A BOIRE ET A MANGER ...



Depuis longtemps, je déplore que les journaux médicaux ne s’intéressent pas beaucoup aux questions d’environnement, de pollution, d’hygiène et de santé  publique. Je devrais être  heureux de voir un site médical ("Egora santé"), attirer l’attention sur une pollution alimentaire et le faire avec un titre très accrocheur "Ikea retire des tartes aux matières fécales" (1). 
Trop c'est trop et il y a des limites.


12 mars 2013

UN CONGÉ A RALLONGER


La politique de santé française (autoproclamée la meilleure du monde) concentre son volet de médecine préventive sur les dépistages de masse (cancer du sein,  colon ou prostate, diabète et cholestérol), les bilans de santé des populations à priori bien portantes (IRSA), des campagnes vaccinales volontiers excessives. La mode de vie de la population qu’elle est censée protéger est  peu pris en compte dans ce volet préventif. La médecine méconnaît la santé environnementale et les maladies qui sont liées aux multiples pollutions qui nous cernent. Elle s’intéresse pareillement de façon superficielle au bien-être de la cellule familiale, laissant aux décideurs politiques le choix de dire ce qui est souhaitable pour parents et enfants. 

1 mars 2013

LA SALLE DE JEUX DU PÉDIATRE


Le cabinet de consultation du pédiatre est-il une salle de jeux et/ou un lieu de jeu dans le soin ? A quoi servent tous ces jouets qui jonchent le sol du cabinet dans un désordre permanent mais organisé. Que représentent tous ces jouets pour le soignant et le soigné ? Le vrai Pédiatre n'est-il pas finalement celui qui sait utiliser le jeu dans son rapport à l'enfant ?



27 février 2013

LES COSMÉTIQUES, C’EST PAS AUTOMATIQUE



Maintenir un bébé bien propre, en voilà un souci !  Cette nécessité rituelle de l’hygiène corporelle du nourrisson serait presque devenue un acte paramédical complexe qui nécessiterait une formation spécifique et l’utilisation de multiples produits sophistiqués.




23 février 2013

VACCIN ROTAVIRUS, LE POIDS DU LOBBYING


Les gastro-entérites virales représentent une pathologie infectieuse très fréquente et obligatoire chez tous les jeunes enfants. Elles surviennent par épidémies hivernales surtout, favorisées par la vie en collectivité (crèches, halte-garderies, services hospitaliers) et sont principalement liées à des virus appartenant à la famille des rotavirus. 
Deux vaccins vivants contre le rotavirus, administrés par voie orale, sont commercialisés (Rotarix de GSK en 2006 et Rotateq de Merck en 2007). Ils ne sont actuellement pas conseillés par les autorités sanitaires en France, ni donc remboursés. Malgré tout, de fortes pressions, de plus en plus insistantes, émanant des portes-paroles pédiatriques des laboratoires producteurs se multiplient pour que cette vaccination soit recommandée chez tous les jeunes nourrissons et enfin prise en charge par la collectivité.


16 février 2013

LE PESSIMISTE HEUREUX


Les antibiotiques sont trop et mal prescrits. La situation est meilleure dans certains pays que dans d’autres, mais elle n’est pleinement satisfaisante nulle part. 
Quelles sont les raisons de ces imperfections? 
Je voudrais essayer de les  évoquer très brièvement et superficiellement pour m’attarder davantage sur un facteur qui me semble essentiel et que Davide Egorentino a proposé d’appeler "le syndrome du pessimiste heureux".



15 février 2013

ANTIBIOTIQUES ET RÉSISTANCES


La résistance des bactéries aux antibiotiques est un phénomène préoccupant.
David Isaacs et David Andresen (1) affirment à juste titre qu’il est temps de lutter sérieusement contre les résistances, non pas par une guerre contre les résistances qui a, selon eux, autant de chances de réussir que la guerre contre le terrorisme, mais en désescaladant et en nous assurant que nos hôpitaux ne soient pas des amplificateurs de résistance.



10 février 2013

US ET COUTUMES DE L'ALLAITEMENT


L'allaitement maternel a toujours été l'objet de coutumes, traditions et diverses croyances qui peuvent faire rêver, soupirer ou sourire. Elles démontrent à quel point un allaitement réussi a toujours revêtu une grande importance au fil des siècles.   Actuellement,  quelques-unes de ces croyances sont encore vivaces. Mais l’allaitement maternel continue malgré tout de progresser en France depuis quelques dizaines d'années, et ce grâce avant tout aux associations chargées de promouvoir ce mode d'alimentation datant de la nuit des temps


9 février 2013

L'ASPARTAM EST AU PLUS MAL


L’aspartame est un édulcorant artificiel découvert par hasard, en 1965, par J. Schlatter, chimiste de la société Searle. Cette molécule est l’association de deux acides aminés naturels, l'acide L-aspartique et la L-phénylalanine (sous forme d'ester méthylique, c'est-à-dire dérivant du méthanol). Après ingestion, l'aspartame s'hydrolyse en acide aspartique, phénylalanine et méthanol. Une dégradation plus poussée produit du formaldéhyde, de l'acide formique et une dioxopipérazine. L'aspartame a un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du saccharose. Il est donc utilisé pour édulcorer les boissons et aliments à faible apport calorique ainsi que des médicaments. Cet additif alimentaire est aussi utilisé comme substitut du sucre sous forme de sucrettes ou de poudre blanche (en boîte ou sachet) contenant environ 3 % d’aspartame (code E951).



Une première controverse apparaît dès la commercialisation de l’aspartame. Après une première autorisation de mise sur le marché par la FDA (Food and Drugs Administration) américaine en 1974, celle-ci suspend son accord l’année suivante à la suite de doutes sur le sérieux des études toxicologiques présentées par le laboratoire Searle et agrémente ce refus d’une procédure pénale. La nomination, en juin 1977, à la présidence du groupe Searle de Donald Rumsfeld, ancien secrétaire de la Maison Blanche, va débloquer la situation. Le procureur chargé de l'enquête pénale démissionne de ses fonctions et rejoint le cabinet d'avocats de Searle. Le Président Reagan nomme à la tête de la FDA un ancien chercheur du Pentagone, A.H. Hayes, qui autorise en juillet 1981, contre l'avis du comité scientifique, la mise sur le marché de l'aspartame, commercialisé sous l’appellation de «NutraSweet». La même année, l’OMS et son comité d’experts suivent le mouvement en donnant un blanc-seing à l’additif. La commission européenne pour les aliments humains lui emboîte aussitôt le pas. Le succès de l’aspartame est grandissant dans un pays où l’épidémie d’obésité débute. Les bénéfices engrangés attirent les géants de l’alimentaire. La société Monsanto fait l'acquisition en 1985 de Searle que son président Rumsfeld quitte avec un joli «parachute doré» [1].

L'aspartame est autorisé en France en 1988 et son utilisation en tant qu'édulcorant est harmonisée par l'Union Européenne en 1994. Le succès est total, l'aspartame devient l'édulcorant le plus fréquemment employé dans le monde. Cette réussite est liée à son pouvoir très sucrant apportant de plus très peu de calories pour obtenir la même sensation sucrée avec un prix de revient minime. En Europe, la concentration maxima autorisée d’aspartame est de 0,6 g/kg dans les boissons et aliments et 3 g/kg dans les compléments alimentaires. La DJA (dose journalière admissible) a été copiée-collée sur les chiffres de la FDA, à 40 mg/kilo de poids corporel (dose massive qui correspondrait pour un adulte à une vingtaine de canettes de boisson «light» par jour).

Une seconde controverse s’est fait jour à propos de l’innocuité de l’aspartame lorsqu’une équipe italienne a présenté en 2005 une étude semblant montrer un excès de leucémies et de lymphomes chez le rat femelle, dose-dépendant de l’édulcorant [2]. En 2010, la même équipe récidive avec une autre étude également alarmante paraissant démontrer que l’exposition à de hautes doses d’aspartame chez les souris induisait des tumeurs au foie ou du poumon uniquement chez les mâles [3].Ces études de toxicologie animale ont été aussitôt critiquées par des agences de sécurité sanitaire européenne (EFSA) et française (ANSES, ex-AFSSA) notamment pour leurs méthodologies[4].

Pourtant, une étude récente d'octobre 2012 [14] portant sur deux vastes cohortes de la population étatsuniennne vient confirmer ce risque d’hémopathies chez l'homme qui consomme plus d'une boisson par jour contenant de l'aspartame. Il existe une augmentation significative du risque de lymphome (RR=1,31) et de myélome (RR= 2,02) chez le sujet de sexe masculin alors qu'il n'est pas retrouvé chez la femme. En ce qui concerne le risque de leucémie,  il n'est pas significatif pour les cohortes étudiant séparément les hommes et les femmes du fait d'une puissance statistique insuffisante. Il le devient par contre en mélangeant les deux sexes (RR=1,42 soit un risque relatif de + 42%).

Une étude argentine [18] montre que le risque de cancer des voies urinaires augmente avec la durée de consommation de boissons light (risque doublé après ajustement sur l’âge, le genre, l’IMC, le statut social et le tabagisme)

Une autre grande étude épidémiologique (sur une cohorte d’environ 60.000 femmes enceintes) menée au Danemark était déjà venue semer encore plus le trouble en 2010 sur un tout autre risque [5]. Les auteurs découvrent que la consommation régulière de boissons gazeuses aux édulcorants augmenterait les risques de naissance prématurée. La comparaison avec une cohorte de femmes ne consommant que des boissons sucrées sans édulcorants ne montre pas ce risque similaire. Une seconde étude [13] basée sur une cohorte d'environ 60.000 femmes enceintes Norvégiennes confirme l’implication des boissons avec édulcorants dans le risque d’accouchement prématuré, mais incrimine aussi les boissons industrielles sucrées. L’eau, décidément, est bien la seule boisson à conseiller aux femmes enceintes !


Les agences officielles de sécurité alimentaire sont bien sûr à nouveau sollicitées. L’EFSA, en lien avec l’agence française, l’ANSES, reprennent ces études et diffèrent leurs recommandations en attendant le résultat d’équipes de travail mises en place pour l’occasion [6]. La polémique enfle lorsque le Dr Laurent Chevallier, au nom du RES (Réseau Environnement Santé), interpelle H. Kenigswald, responsable de l’unité des additifs alimentaires de l’EFSA. Il lui est demandé de démontrer le caractère scientifique des études initiales sur lesquelles se basait l’autorisation de commercialisation de l’aspartame aux USA.  Stupeur, l’EFSA n’a jamais eu ces fameuses études ou en tout cas ne les a jamais lues… Les industriels finissent par les fournir en juillet 2011. On s’aperçoit alors qu’elles n’avaient jamais été publiées dans des revues scientifiques, leur ôtant donc toute crédibilité. La découverte de conflits d’intérêts d’une bonne moitié des experts de la commission additifs alimentaires de l’EFSA [7] vient encore plus décrédibiliser les atermoiements des dits experts. Des associations de l’environnement et des parlementaires [8] réclament publiquement aux autorités sanitaires d'invalider la DJA actuelle. Leurs responsables appellent le public à la plus grande prudence, notamment les femmes enceintes puisque "La dose journalière admissible de cet édulcorant repose sur des études non publiées et de qualité douteuse".

Pour J.F. Narbonne, professeur de toxicologie alimentaire à l’université de Bordeaux, l’enquête danoise est un élément à charge important dans "une barque déjà chargée". Le toxicologue, explique dans une interview que les tests officiels d’homologation sont obsolètes, et il appelle d’ores et déjà les Français à cesser leur consommation d’aspartame[12].

A la demande de la Commission européenne, et sous la pression de la médiatisation [9] des doutes concernant l’innocuité de l’aspartame, l’EFSA a avancé la révision des risques liés à l’aspartame, initialement prévue pour 2020. L’ANSES de son côté a décidé de mettre en place un groupe de travail chargé d’évaluer les bénéfices et les risques nutritionnels des édulcorants intenses. Une première marche vient d’être franchie puisqu’un communiqué du 18 juin 2012 de l’Agence[10] conclue à "l’absence de bénéfices nutritionnels à consommer ces produits chez la femme enceinte"

Cet avis de l'agence française va devoir sérieusement prendre en compte une dernière étude épidémiologique française INSERM [15] de février 2013, portant sur une cohorte de 66.188 femmes, adhérentes de la MGEN (Mutuelle générale de l’éducation nationale), nées entre 1925 et 1950 et suivies sur 14 ans. Seulement 20 % d’entre elles avaient consommé des boissons "light" contenant des édulcorants. A quantité consommée égale, le risque de développer un diabète de type 2 est de 130 % pour 1,5 litre/semaine (5 canettes) par rapport aux non consommatrices. Ce risque n'est accru que de 50 % dans le cas d'un niveau de consommation équivalent de boissons sucrées au saccharose.  Seule l'absorption de jus de fruits naturels, sans sucres ajoutés, ne présentent pas d’association avec le risque de diabète.

Un mécanisme possible serait que le cerveau, leurré par le goût sucré des édulcorants, enclenche la sécrétion d'insuline qui fait baisser le taux de glycémie, à tort puisqu'il n'y a pas eu d'apport de sucres. Cette baisse artificielle pourrait favoriser la prise ultérieure de sucres pour compenser.

L'avis définitif de l'EFSA sur d’éventuels effets toxicologiques est programmée pour fin 2013. La publication de ces travaux tombe à un mauvais moment pour l'autorité européenne de sécurité des aliments. Celle-ci vient de rendre publique, en janvier 2013, sa version préliminaire de sa première évaluation complète des risques présentés par l'aspartame qui serait sans danger selon elle... Ses experts devront peut-être réviser leur copie et intégrer dans leurs données celles des scientifiques de l'INSERM. La barque déjà bien chargée de l’aspartame risquerait de finir par couler pour de bon...

Eh bien non finalement, les Dieux des édulcorants ont permis en décembre 2013 aux experts de l'agence européenne de sécurité alimentaire [16] d'innocenter ce bon vieil aspartam mais toujours sous les huées des associations. Le réseau du RES se montre en partculier mécontent de cet avis final, se demandant dans un communiqué «combien de temps la fraude va encore durer» [17]. Il est rappelé que la DJA (dose journalière admissible) continue de reposer sur des rapports anciens issus de l’industrie et qui n’ont jamais été publiés, donc sans aucune valeur scientifique. Le rapport continue d’écarter des études épidémiologiques hmaines dérangeantes sasn raison ou des motifs futiles. Plus graves des conflits d'intérêts sérieux et des pratiques ahurissantes viennent entacher ce rapport de l'EFSA, comme on l'a découvert dans un reportage télévisé [19] présenté justement à la même période.  


Info-publicité sur l'aspartame
Il est d'ailleurs primordial que le corps médical et le grand public puissent enfin être informés objectivement et complètement. On ne peut que souligner à ce propos le défaut d'information, laissant le champ libre à une propagande du lobby industriel des sucriers (ISA ou association internationale pour les édulcorants) sous forme de publicités avec la participation de quelques médecins, experts auto-proclamés, dont les conflits d’intérêts ne sont pas tout à fait nuls. Tout est bon pour ce lobby très puissant pour innocenter le chef de file d es édulcorants.  "Lorsque les études sont menées sur des animaux et qu'elles trouvent des effets délétères, les industriels disent qu'elles ne sont pas transposables à l'homme. Et quand ce sont des études épidémiologiques qui trouvent de tels effets sur l'homme, les industriels demandent à ce qu'elles soient refaites avant que l'on puisse tirer des conclusions..." Dr. Laurent Chevallier, nutritionniste du RES.


Les conclusions biaisées de l'EFSA ne sauraient être couvertes par les autorités françaises en la matière, l'ANSES. En attendant ces résultats officiels, il parait sage de se souvenir du rapport bénéfice-risque du produit. L’aspartame cumule des risques, suscite des alertes médicales et ne présente pas de bénéfice réel pour le consommateur en termes de contrôle de poids selon diverses études épidémiologique que ce soit chez l'adulte ou chez l'enfant [11]. L’intérêt de l’aspartame dans la prise en charge d’un diabète est également contestable. Ceci est particulièrement vrai chez la femme enceinte, comme le souligne l’ANSES, alors que parallèlement un risque de prématurité est fortement soupçonné. Le risque parait donc l’emporter actuellement nettement sur un quelconque bénéfice.


Dr. Dominique LE HOUEZEC



[1] «Winter comes for a Beltway lion; Rumsfeld rose and fell with his conviction intact», Chicago Tribune, 12-11-2006, p. 17.
[2] Soffritti M, Belpoggi F, Degli Esposti D, Lambertini L, « Aspartame induces lymphomas and leukaemias in rats », Eur. J. Oncol., 2005; 10, 2 : 107-116 
[3] Soffritti M, Belpoggi F, Manservigi M, Tibaldi E, Lauriola M, Falcioni L, Bua L . “Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life span, induces cancers of the liver and lung in male Swiss mice”. Am. J. Ind. Med. 2010. 53: 1197-1206 
[4] Opinion of the Scientific Panel on Food Additives, Flavourings, processing Aids and Materials in contact with Food (AFC) on a request from the Commission related to a new long-term carcinogenicity study on aspartame. The EFSA Journal (2006) 356, 1-44
[5] Halldorsson T, Strøm M, Petersen S.B, Olsen S. F. “Intake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery: a prospective cohort study in 59,334 Danish pregnant women”. Am J Clin Nutr 2010 ; 92, 3: 626-633 
[6] L’EFSA examine deux publications relatives à la sécurité des édulcorants artificiels 28 février 2011
[7] Exposed: conflicts of interest among EFSA’s experts on food additives Corporate Europe Observatory. June 15, 2011
[8] RES- Générations futures  : "L’aspartam , un nouveau dysfonctionnement du sytème de sécurité sanitaire" Conférence de Presse 29 juin 2011
[9] M.M. ROBIN “Notre poison quotidien” 
[10] Note d’étape de l’ANSES saisine n°2011-SA-0161 
[11] Brown R.J. De Banate M.A, Rother K.I. Artificial Sweeteners: A systematic review of metabolic effects in Youth. Int J Pediatr Obes. 2010; 5, 4 :305–312.
[12] Narbonne J.F. : “Arrêtez de consommer de l’aspartame” France-Soir 17.1.2011
[13] Englund-Ögge L and all. Association between intake of artificially sweetened and sugar-sweetened beverages and preterm delivery: a large prospective cohort study. Am J Clin Nutr. 2012;96(3):552-9
[14] Schernhammer E.S and all. Consuption of artificial sweetener-and sugar- containing soda and risk of lymphome and leukemia in men and women. Am. J. Clin. Nutr. 2012 Oct 24
[15] Fagherazzi G.Consumption of artificially and sugar-sweetened beverages and incident type 2 diabetes in the Etude Epidémiologique aupres des femmes de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale–European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition cohort. Am J Clin Nutr 2013 Janv 30 doi: 10.3945/ajcn.112.050997.
[16] EFSA.  Scientific Opinion on the re-evaluation of aspartame (E 951) as a food additive.EFSA Journal 2013;11(12):3496
[17] RES. Communiqué de presse (10 déc 2013) – Aspartame et EFSA : combien de temps la fraude va t’elle encore durer?
[18] Andreatta MM, Muñoz SE, Lantieri MJ, Eynard AR, Navarro A. Artificial sweetener consumption and urinary tract tumors in Cordoba, Argentina. Prev Med. 2008 Jul;47(1):136-9.
[19] FRANCE 2. Envoyé spécial. 19.12.2013 "Conflits d'intérêts - Les liaisons dangereuses" (Voir à partir de 49 mn )

3 février 2013

DUR DUR LE DODO A LA CRECHE


Un sommeil suffisant est l'une des particularités indispensable au bon développement psycho-affectif du jeune enfant. Le nourrisson dort en effet spontanément entre 18 et 20 h par jour, 13 et 14 h lorsqu'il a un an et le jeune enfant encore 11 à 12 h vers l'âge de 4 ans. La reprise du travail précoce des parents oblige souvent à perturber ces rythmes physiologiques. Avec quels risques et quelles conséquences?

29 janvier 2013

FAIRE TRAVAILLER SES MÉNINGES


Je crois que le jeu a une place dans l’examen d’un enfant. Je pense que le jeu peut être un outil utile pour apprécier si une maladie est grave et notamment dans le cadre du diagnostic d’une méningite.



COPING & RÉSILIENCE


Dans "Sauve-toi, la vie t’appelle" Boris CYRULNIK distingue le "coping" de la résilience.
En le lisant, je pense simultanément
1. que c’est très important, juste et passionnant
2. pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de cette différence?
3. pourquoi emploie-t-il un mot anglais et pourquoi 
n’y a-t-il pas de mots français pour 
nommer cette chose importante?

27 janvier 2013

LES LABOS FONT PASSER LA PILULE


A l’occasion de la plainte d’une jeune femme, les médias ont découvert qu’il y avait un problème ou un "scandale" de la  pilule.
Martin Winckler sur son site a dit sur ce sujet l’essentiel de ce qu’il faut dire. Il l’a fait en sa qualité de bon connaisseur des problèmes de contraception avec clarté, l'aide de sa grande expérience et sans concessions (1).
Mais il me semble important de s’interroger au delà de la  pilule et de la contraception. Quels sont les mécanismes qui conduisent de très nombreux médecins à accepter si facilement les nouveaux produits que les laboratoires leur proposent ?


6 janvier 2013

A QUOI SERT LE BCG ?



En matière de vaccination, il est important de distinguer chaque maladie infectieuse et chaque vaccin correspondant.
Il serait erroné de croire qu'une forte immunité de groupe acquise par une vaccination généralisée ou presque serait la "solution finale", unique et magique contre la circulation d'un agent infectieux. La lutte contre la tuberculose et l'utilisation  du vaccin censé la combattre en est un exemple caricatural.


5 janvier 2013

HÉPATITE A, VACCINER OU PAS ?


La vaccination contre l’hépatite A est fréquemment recommandée à l’occasion de voyages. 
Que  faut il en penser ?


L’hépatite A est une  maladie qui a beaucoup de points communs avec la  poliomyélite. Bien sûr, elle n’atteint pas le système nerveux et n’est pas  grave, mais elle pose du point de vue épidémiologique des problèmes analogues.