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Note de lecture du livre du Pédopsychiatre Xavier POMMEREAU, intitulé «Nos ado.com en images, comment les soigner» (1)



Pédopsychiatre au Centre Abadie à Bordeaux, Xavier POMMEREAU a accumulé une grande expérience dans le soin à l'adolescent (vingt-cinq ans çà compte!).

Nous connaissions déjà les titres nombreux et convaincants de Serge TISSERON (2) qui engageaient parents et soignants à ne pas avoir peur des écrans, à «prendre en marche» le train de la révolution numérique pour accompagner les jeunes sans les stigmatiser mais en leur prodiguant limites et conseils .


Xavier POMMEREAU reprend cette perspective en l'enrichissant dans la dimension du soin institutionnel. Il commence par rappeler son propre parcours. Ses débuts comme jeune psychiatre de liaison, voyant à l'hôpital général des patients admis pour tentatives de suicide graves. Il ressent alors la nécessité d'imaginer un temps et un lieu d'hospitalisation plus appropriés afin que les suicidants puissent trouver sens et issue thérapeutique à leur passage à l'acte. Sa réflexion est évolutive et cet aspect diachronique est particulièrement bien évoqué dans le livre. Celle-ci nourrit (ou bien se nourrit des) les reconstructions et réorganisations dans l'espace architectural hospitalo-universitaire que Xavier POMMEREAU investit en ingénieux pionnier du soin pour l'adolescent. Après l'ouverture d'une petite unité dédiée aux suicidants, il prend aussi la responsabilité d'une autre unité pour jeunes atteints de troubles alimentaires. Devant la gravité des pathologies (états limites, anorexies mentales sévères...), il prend conscience de l'insuffisances des soins traditionnels reposant principalement sur la parole (entretiens individuels, groupes thérapeutiques, ateliers, psychodrames). Les adolescents témoignent de difficultés et de réticences à verbaliser leurs ressentis. « Sommés de s'expliquer, ils se gardent bien de parler, manière de sauver la face ».

Il lui faudra alors développer de nouveaux types de soins qui permettent aux jeunes de donner à voir non plus leurs symptômes... interminablement, leur maigreur, leur peau scarifiée, leur coma...,  mais plutôt une projection imagée et acceptable de leur souffrance. Successivement dans le temps,  différents outils de projection sont mis au point et testés dans une perspective d'art-thérapie dirigée avec le filet contenant de l'équipe soignante et la supervision inventive de son médecin chef. D'abord donner la possibilité à l'adolescent de mettre en dessin son mal-être, «sa souffrance en se représentant ou non». Xavier POMMEREAU signale qu'aucun adolescent ne refuse la proposition qui lui est faite. Cela m'étonne quand même un peu au regard de ma petite expérience  ambulatoire. Puis il est lui est proposé de déposer dans le bureau du thérapeute un objet censé le représenter lui et/ou sa souffrance. « Un objet pour parler du sujet ». C'est l'occasion pour l' adolescent de redonner une deuxième vie aux poupées et aux doudous, vieux objets transitionnels ressortis des valises de l'enfance puis éventuellement remaniés voire mutilés, amputés pour devenir une deuxième image du sujet et de sa souffrance dont tout le monde sait et l'adolescent le premier, qu'elle s'enracine souvent dans sa petite enfance. Après une visite au musée d'Aquitaine, l'équipe bordelaise se lance sur la piste des Arts Premiers : le traçage au sol des contours du corps dans l'atelier de morpho-pictographie, «redonne chair aux âmes en peine». Cela permet à telle jeune anorexique une intense mobilisation psychique qui lui fait ensuite réclamer des entretiens. La confection de poupées puis les figurines en pâte à modeler sont les étapes suivantes avec la possibilité offerte d'une exposition temporaire dans les vitrines de la grande salle d'entretiens.


Avec les avatars, c'est le grand saut dans l'informatique. le jeune est placé en position de producteur, d'acteur inventif et surtout pas de consommateur ce qu'il est habituellement dans son milieu familial et avec ses pairs. Quand avec le logiciel il aura réalisé un avatar à son image, il pourra le cas échéant l'incarner sur la scène. Dans toutes ces étapes, le soignant le guide mais accepte aussi d'être guidé par lui (quand il maîtrise particulièrement bien certains technologies).


Xavier POMMEREAU, ce qui est très appréciable, s'exprime dans une prose claire, nourrie certes de références classiques, mais surtout inventive faisant appel à la polysémie du langage, à l'étymologie et à un goût prononcé pour la métaphore. Ainsi là aussi l'image ne s'oppose pas à la parole. L'histoire du jeune et de sa famille est toujours prise en compte ce qui donne lieu à de fructueuses hypothèses interprétatives. Comme il le souligne à plusieurs reprises, celles-ci ne doivent surtout pas être lâchées, assénées telles quelles au jeune ce qui dépasserait ses possibilités du moment de faire sens pour lui. Son rythme et son mode d'expression doivent être respectés.

Alain QUESNEY

2- Serge TISSERON : "Enfants sous influence" (Armand Colin 2000) - "L'intimité surexposée" (Ramsay 2001)

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