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LES ACTIONS DU BPA SONT AU PLUS BAS



BPA ou BISPHÉNOL A, comment et pourquoi ce nom nous est devenu à la fois familier et inquiétant depuis quelques temps ? 





Cette molécule avait été initialement produite comme œstrogène de synthèse pour lutter contre l’infertilité féminine. En fait le BPA n’avait finalement jamais été utilisé dans cette indication supplanté par le Distilbène plus puissant et devenu depuis de sinistre mémoire. Ce sont ensuite les chimistes de l’industrie du plastique qui l’ont redécouvert, dans les années 50, pour ses propriétés à se polymériser et fournir un plastique transparent et résistant à la chaleur, le polycarbonate. Cet "œstrogène-like" s’est donc ainsi reconverti dans la composition des biberons en plastique, des emballages alimentaires plastifiés ainsi que dans les résines tapissant l’intérieur des boîtes de conserves ou des canettes. Le BPA fait donc partie de notre environnement quotidien comme le démontre une récente étude de l'INSERM qui le retrouve dans les urines de 96% des femmes enceintes de plusieurs régions françaises. Le chauffage, au micro-ondes ou au bain-marie, de même que l’acidité des aliments contenus dans ces divers récipients favorise le relargage du BPA vers le contenant. L’absorption répétée de cette molécule aboutit à une imprégnation chronique non négligeable, en particulier chez le fœtus et le nourrisson, touchant une période de la vie d’organismes en pleine croissance et transformation.

C’est vers la fin des années 90 que des soupçons sur la toxicité du BPA ont été émis devant la succession d’expérimentations animales mettant en évidence, en particulier, des effets  nocifs sur l’appareil reproducteur. Les publications épidémiologiques concernant l’homme ne se sont pas révélées plus rassurantes: risque de prématurité à la naissance, dysfonction sexuelle chez l’homme, forte corrélation avec l’obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires à l’âge adulte.

L’accumulation de ces données finit par alerter la communauté scientifique et les autorités nord-américaines. C’est le Canada qui lance en premier lieu la bataille contre le bisphénol A en interdisant, en avril 2008, l’utilisation de ce produit dans la composition des biberons puis en le classifiant comme substance toxique. D’autres pays, Australie, Danemark, et certains états américains suivent ensuite cette décision. En France, c’est le RES (Réseau Environnement santé)[1] qui a joué en 2009, le rôle de lanceur d’alerte sur la dangerosité du BPA. Après quelques tergiversations, l’agence de sécurité sanitaire alimentaire (AFSSA) s’est ressaisie du problème afin de reprendre son travail d’expertise. Les parlementaires français ont accéléré les procédures en interdisant, en juin 2010, la vente des biberons contenant du Bisphénol A au nom du principe de précaution. La Commission européenne a ensuite fait savoir, en juin 2011, qu’elle était également favorable à cette interdiction de la production de biberons au BPA dans l’Union Européenne.


Enfin tout s’est ensuite accéléré lorsque l’ANSES (qui a succédé à l’AFSSA) a rendu public en septembre 2011, deux rapports[2] qui reconnaissent l’action délétère de très faibles doses de BPA. 

Une étude expérimentale française réalisée plus récemment sur des cultures de testicules foetaux humains (issus de produits d'avortements) mis en présence de très faibles doses de BPA (2 µg/l) est formelle quant à la nocivité de cette molécule in vivo [3]. On observe une réduction de la production de testostérone, et de l'expression d’une autre hormone testiculaire (INSL 3) qui est nécessaire à la descente des testicules dans les bourses au cours du développement. Ceci pourrait donc être une des causes des défauts congénitaux de masculinisation (type hypospadias et cryptorchidisme) dont la fréquence a globalement doublée depuis 30 ans. Selon René Habert, le promoteur de cette étude « il se peut également que le bisphénol A participe à la chute de la production spermatique et à l’augmentation de l’incidence du cancer testiculaire chez l’adulte observés au cours des dernières décennies.»

Il est également probable que l'ingestion de BPA soit en cause dans la progression de la fréquence de l'obésité chez l'enfant et l'adulte. A lire sur ce même site l'article intitulé "Le BPA fait du gras".


Le Ministère de la santé a emboîté le pas des experts en venant prendre position à l’Assemblée Nationale pour l’interdiction du BPA dans tous les contenants alimentaires. En effet, contrairement aux affirmations de certains industriels de la plasturgie qui veulent faire de l'obstruction, les solutions de remplacement existent. Les Parlementaires vont finalement suivre cette recommandation (28.11.2012), avec une mise en application effective à partir de 2015 pour les contenants alimentaires, mais dès 2013 pour les produits destinés aux enfants de moins de trois ans et ce, afin de diminuer rapidement l’intoxication des nourrissons mais les fœtus via la contamination maternelle n'ont pas encore eu droit à cette précaution... A aussi été votée l'interdiction des collerettes de tétines et de sucettes et des anneaux de dentition pour bébés contenant du bisphénol A. D'autres dispositions sont prévues : une campagne d'information à destination des femmes enceintes et allaitantes et des parents de jeunes enfants.


Les preuves sont aujourd’hui accablantes pour montrer que l’exposition, par le biais de l’alimentation, pendant la grossesse induit des effets sanitaires graves chez le fœtus qui vont se manifester à distance pendant l’enfance et à l’âge adulte. Il faut que chaque pays adopte désormais  ce que propose, aux USA,  le sénateur démocrate John KERRY dans un projet de loi pour que «le corps des parents soit exempt de perturbateur endocrinien avant la conception, pendant la gestation et durant la lactation »


Dominique LE HOUEZEC


PS : En attendant l'application trop tardive de la loi (qui va permettre l'imprégnation de foetus durant encore quelques mois), on peut faire la chasse au BPA en cherchant le sigle de recyclage situé en général dans un triangle sous les récipients ! Les contenants qui en possèdent et à éviter sont le PVC dont le signe est le 3 ou 6 et le polycarbonate avec le sigle PC ou 7. Les plastiques les plus sûrs du point de vue du dangerosité sont le Polyéthylène téréphthalate ou PETE (1), le Polyéthylène de haute densité ou HDPE (2), le Polyéthylène de basse densité ou LDPE (4) et le Polypropylène ou PP (5).


[2]    http://www.anses.fr/PMEC00N901.htm
[3]   N’Tumba-Byn T, Moison D, Lacroix M, Lecureuil C, Lesage L, et al.  Differential Effects of Bisphenol A and Diethylstilbestrol on Human, Rat and Mouse Fetal Leydig Cell Function PLoS ONE 2012, 7(12): e51579.


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